15 Février 2014
L'actualité politique du Burkina depuis un moment apparait tellement riche qu'elle pourrait faire l'objet d'une série américaine avec moult rebondissements. Entre les déclarations anachroniques du Président de la République, les démissions fracassantes des ex-ténors du parti au pouvoir, et la création d'un certain front soit disant républicain, la médiation interne qui s'enlise, les politologues, constitutionnalistes, sociologues, psychologues et commentateurs s'en donnent à cœur joie.
L'objet de ce billet n'est pas de rajouter à ces multiples commentaires, mais d'attirer l'attention sur l'aspect international de la situation du pays. En effet, Nul ne pourra décrire avec exactitude les intentions des démissionnaires ni la détermination de ces pompiers qui pensent toujours à une modification de l'article 37 de la constitution devant permettre au président de se représenter pour un énième mandat.
Le Mali semble avoir retrouver une situation normale en raison de l'intervention du "François HOLLANDE". C'est ce même HOLLANDE qui lutte pour permettre à la Centrafrique de retrouver la Paix. Ah, cette paix qui est avancée par le parti au pouvoir, ou plus précisément l'association au pouvoir, car il faut le dire haut et fort, c'est la FEDAP/BC qui tient le pays de nos jours. Enfin, ne nous laissons pas emporter!
La France, ce grand pays au cœur si généreux, qui est prête à mettre en danger la vie de ses valeureux soldats pour des pauvres africains, cette France là, quoi qu'on dise doit être saluée pour ce qu'elle fait. Pourtant, les congratulations s'arrêtent là. Où était la France quand tous les germes de l'explosion et de la guerre civile était réunies en Centrafrique? Où était la France, quand le président ATT laissait les rênes du Mali entre les mains de militaires aussi véreux que leur godasses? Si la France est si généreuse que cela, pourquoi ne dit-elle rien quand des présidents au pouvoir pendant des décennies tripatouillent leur constitution, avec l'aide de savants constitutionnalistes français?
La France, si généreuse soit-elle, a un devoir de secours envers les pays africains. Si les français ont la mémoire courte, les africains devraient le leur rappeler. Ces millions de tirailleurs sénégalais venaient de toute l'Afrique noire et non seulement du Sénégal, et cela, tous les historiens sérieux le confirment. Ce sont ces mêmes noirs qui sont insultés de tous noms en France aujourd'hui! Mais ce sont aussi ces noirs qui ont donné de leur vie pour libérer la France, pour reconstruire la France, pour faire de la France ce qu'elle est aujourd'hui. Donc, cette France là est bel et bien obligée de tendre la perche en retour aux peuples africains en quête de développement et de démocratie.
Pour revenir à la situation du Burkina, il suffirait d'une mise en garde de la France, pour que les idées actuelles de tripatouillages de la constitution du parti au pouvoir s'envole. A défaut, les auteurs savent très bien que la situation de Charles TAYLOR ou de Laurent GBAGBO sera un idylle face au leur. Le peuple Burkinabè est mature pour conduire cette transition dans la douceur. Mais, il ne faut pas se voiler la face: ceux qui sont au pouvoir ont toujours une idée en tête: pérenniser leur pouvoir même au prix de la guerre civile et du chaos généralisé. C'est cette peur qui anime la médiation dirigée par l'ancien président J.-B. OUEDRAOGO. C'est cette même peur qui doit guider les autorités françaises à taper du point sur la table.
Il ne s'agit pas d'une ingérence dans les affaires intérieures du Burkina, car en tant que juriste, cette critique n'est jamais loin. Mais, il s'agit de prévenir une situation de crise imminente. Il faut rappeler que Israël a développé ce qu'on appelle la légitime défense préventive. Dans le cas du Burkina, cette légitime défense ne sera point défensive car, les germes de ce qui s'est produit en Côte d'Ivoire après la mort du Timonier national HOUPHOUET BOIGNY, sont bien réunis.
Il pourra nous être reproché notre extrême naïveté car la France n'a que des intérêts et non des amis, mais, il faut d'ores et déjà objecter que le chaos du Burkina équivaut au retour du chaos en Côte d'Ivoire, au Mali, au Niger, au Togo en Guinée, la liste pourrait encore s'allonger. La France ne peut pas se permettre le luxe de laisser cette partie de l'Afrique s'enfoncer dans le chaos car ses intérêts seront directement menacés. L'instabilité ne fera qu'être du pain béni pour des terroristes qui voudront contrôler toutes ces zones.
Tout le monde a intérêt à ce que le Burkina ne sombre pas. Et le Burkina ne sombrera pas si la transition non seulement a lieu en 2015 mais aussi, si elle a lieu dans le strict respect des lois et règlements en vigueur. Les questions de développement et de renforcement de la démocratie pourront par la suite faire l'objet de lutte du peuple contre le prochain gouvernement post 2015.
En attendant, que chacun prenne ses responsabilités et qu'il joue sa partition! Nous pensons avoir joué la nôtre et nous continuerons autant que possible à le faire.
D. J.